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Un plan vélo à petites roues

Vendredi dernier, 14 septembre 2018, sous le soleil d’Angers, très propice à sortir son vélo pour une balade au soleil, le premier ministre Edouard Philippe a dévoilé le plan vélo national.
Accompagné par son nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, et d’Elisabeth Born ministre chargée des Transports, il a ainsi présenté un plan ayant pour objectif « de tripler la part du vélo dans nos déplacements quotidiens ».

Velo

Arrêtons-nous d’abord sur cet objectif, « tripler la part modale vélo dans nos déplacements quotidiens ». Cet objectif permettrait de passer de 3% à 9% en 7 ans dans un pays, la France, dont les habitants vivent à plus de 70% en zone urbaine. Petit détour par la ville de Copenhague qui nous éclairera sur la capacité d’une ville à développer sa part modale. Cette ville a en effet décidé en 2011 de réaliser un plan vélo 2011-2025 (københavns cykelstrategi 2011-2025) avec une réussite assumée. Aujourd’hui en 2018, 50 % des habitants de Copenhague se rendent sur leur lieu de travail ou à l'école à vélo et 35 % de tous ceux qui ont un emploi à Copenhague, y compris les habitants de la banlieue et de la grande banlieue, font le trajet domicile-lieu de travail à bicyclette. Il faut dire que là-bas, 63 % des députés utilisent leur vélo pour se rendre au parlement. L’objectif annoncé par notre gouvernement reste donc très faible par rapport à d’autres pays européen où pourtant les conditions climatiques sont moins faciles que les nôtres.
Avec le déblocage d’un fond en deçà des besoins réels, il est fort probable qu’à l’issue de la période de sept ans nous n’atteignons même pas ce faible objectif de 9% de part modale vélo. Si ce plan vélo est sans doute le premier plan vélo qui permette de faire ré-exister le vélo au quotidien (qui a disparu dans les années 70), il ne permet pas de faciliter la transition énergétique et écologique dont nous avons tant besoin. Nous continuons la politique des petits pas ou plus exactement des petites roues, espérons qu’elle permettra à nos futurs gouvernements de passer rapidement sur un grand vélo.

 

Si vous souhaitez tout comprendre sur le plan vélo annoncé vendredi, voici un rapide résumé et décryptage des ambitions du plan.

La première mesure de ce plan vélo, sans doute la plus efficace, concerne la création d’un Fonds national « mobilité actives », d’un montant de 350 M€. Ce fond bien que jugé insuffisant par tous les acteurs de la sphère vélo comme l’économiste Frédéric Héran ou encore Olivier Schneider, président de la FUB (Fédération des Utilisateurs de la Bicyclette) est salué par tous comme le premier plan vélo à fort financement. La proposition des différentes ONG vélo était néanmoins une proposition de financement à hauteur de 200 M€ par an et non pas 50 M€ comme acté par l’état. Ce faible financement est donc un risque de non atteinte d’un objectif déjà peu ambitieux.
Ce fond national doit servir, dans un premier lieu, à réduire les discontinuités cyclables mais particulièrement au niveau des grandes infrastructures comme des passerelles d’autoroutes par exemple. Les collectivités devront rogner sur leur dotation de soutien à l’investissement local (DSIL), dont 500 M€ sont destinés aux mobilités durable, pour procéder aux aménagements cyclables ne concernant par l’état. Ce parti pris réduit les chances de voir des collectivités réaliser de véritables aménagements cohérents sur la totalité de leur territoire.
Ce fond alimentera aussi l’appel à projets « Vélos et Territoire » de l’ADEME ouvert lui aussi depuis le 14 septembre dernier pour permettre le financement d’études permettant le développement d’infrastructures, de services associés au vélo mais aussi des ressources humaines ou de communication pour développer au niveau des territoires la part modale vélo. Il ne financera donc pas les aménagements en eux-mêmes. Ce financement d’études, qui est une bonne nouvelle, permettra aux collectivités de créer l’ingénierie nécessaire à leur collectivité pour développer les mobilités douces. Sur certains territoires, comme la région Ile de France, ayant des financements de réalisation, il devient donc plus aisé de créer une nouvelle mobilité durable sur une collectivité.

D’un point de vue réglementaire, les réseaux structurants pour les mobilités actives devront désormais être intégrés dans les documents de planification. Cette nouvelle est intéressante car elle oblige par exemple une collectivité à programmer puis intégrer dans son PLU (Plan Local de l’Urbanisme) le futur schéma directeur cyclable qui devra être en cohérence avec le SCOT (Schéma de Cohérence Territorial). Quelle bonheur de voir des axes cyclables cohérents et programmés.

sas vélo

Concernant la sécurité des aménagements, le plan vélo prévoit que :

  • L’amélioration de la visibilité aux passages piétons soit réalisée par une mise à distance des places de stationnement grâce à des stationnements vélo,
  • Le sas vélo soit généralisé, ce qui est une très bonne nouvelle car il a prouvé son efficacité. Il nous restera néanmoins la difficulté de le faire respecter,
  • Le double sens cyclable soit autorisé sur l’ensemble de la voirie urbaine en agglomération jusqu’à une vitesse maximale autorisée de 50 km/h, cette approche qui semble fonctionner en Belgique aurait pu être judicieusement remplacée par la mise en zone 30 des voies urbaines sauf axe spécifique. Il est en effet peu probable qu’un jeune de 15 ans soit très à l’aise face à un SUV qui roule à 50 km/h face à lui.
  • Les vélos soient autorisés (enfin) à rouler à deux de front uniquement en zone 30.
  • Soit développé en cohérence avec l’Europe d’un détecteur de vélo pour poids lourd permettant de réduire le risque d’accidents souvent mortels.

Le plan vélo prévoit ensuite de mieux lutter contre le vol avec :

  • Le marquage vélo directement à la vente, ce qui permettra d’assurer un réel suivi des vols de vélo. Le marquage, de type Bicycode®, permet en effet d’identifier le propriétaire officiel d’un vélo et de restituer tout vélo retrouvé.
  • L’amélioration du stationnement vélo, en gare en fixant des objectifs à la SNCF et dans les habitations et bureaux par un renforcement des seuils imposés par la loi dès 2019 avec la possibilité d’utiliser des Certificat d’Economie d’Energie (CEE) pour valoriser les investissements réalisés.

Enfin le cadre incitatif pour l’utilisation du vélo concerne différentes thématiques :

  • Le remplacement de l’IKV (Indemnité Kilométrique Vélo) par le forfait mobilité durable qui pourra être élevé à 400€. La distance n’est plus prise en compte ce qui est plutôt une bonne chose mais le forfait mobilité reste malheureusement facultatif (Engagement de l’état de 200€ pour ses agents dès 2020). D’expérience, chez Vizea, cette mesure n’est pas « couteuse » pour l’entreprise au regard de ce qu’elle apporte en nombre de vélos.
  • Grande nouveauté, les frais kilométriques vélo! Nous pourrons bientôt nous déplacer en trajet travail et être remboursés comme c’est le cas pour des déplacements voiture aujourd’hui. C’est bien mettre en valeur les déplacements journaliers à vélo.
  • Soutien à l’achat de vélos à assistance électrique par l’octroi de CEE. Sur ce sujet nous sommes dans un retour en arrière puisque l’aide de l’état de 200€ (à hauteur de 20% du coût d’achat) avait été arrêtée au 31 janvier 2018, trois petits pas en avant et trois petits pas en arrière.
  • Soutien à la mise à disposition de flottes de vélos par les entreprises.

Il nous reste à former, faire découvrir le vélo et créer une culture du vélo ce que l’état se propose de faire par :

  • La formation dès la 6eme des collégiens pour que tous les enfants sachent faire du vélo. Malgré les écoles du vélo associatives, on estime à 10% le nombre d’adultes ne sachant pas faire du vélo. Cette mesure semble un peu tardive et sans doute stigmatisante pour les enfants n’ayant pas appris à faire du vélo.
  • Le financement des premiers plans de mobilité scolaire permettant la sécurisation d’itinéraire pour accéder aux établissements, ne traînez pas, il n’y en aura pas pour tout le monde…
  • Développement de la data vélo, de nombreuses innovations en perspectives.

Ce plan vélo en appelle donc d’autres à venir pour permettre à la France de rattraper son retard avec les autres villes européennes. Il nous faut retenir de celui-ci, en plus de l’évolution normale des règles de circulation :

  • L’aide financière de l’état sur de l’ingénierie par l’appel à projet de l’ADEME et le financement de la suppression des grosses ruptures,
  • Le changement de fiscalité vis-à-vis des entreprises avec une évolution qui permet de valoriser les trajets travail et donc les trajets du quotidien,
  • La formation vélo au collège.

Mais surtout, ne le négligeons pas, le vélo est devenu, dans la dialectique gouvernementale, un outil de déplacement au quotidien. Remercions tous ceux qui concourent dans les ministères, au CERTU mais aussi dans les ONGs à faire en sorte que l’état considére le vélo comme un vrai outil de déplacement.

Retrouvez le dossier de presse

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