HQE²R est à l’origine un projet de Recherche et de Démonstration cofinancé par la Commission Européenne entre Juillet 2001 et mars 2004. La démarche vise à intégrer le développement durable dans les projets de renouvellement urbain à l'échelle des bâtiments et du quartier. Les résultats du projet HQE²R sont :
- l'association européenne pour un développement urbain durable SUDEN,
- la démarche HQE²R et ses méthodes et outils d’aide à la décision, procédures opérationnelles et recommandations pour les collectivités locales et leurs partenaires.
Le cadre théorique de la démarche repose sur la définition de 6 principes de développement durable urbain applicables aux opérations d’aménagement ou de renouvellement urbain qui contribuent à définir les méthodes de travail (participation) et les outils (prise en compte du long terme, du global,…) :
- Efficacité économique : respecter les règles d’efficacité économique mais en incluant tous les coûts externes sociaux et environnementaux,
- Equité sociale : Droit à l’emploi, à un logement et à un revenu décent. Lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale,
- Efficacité environnementale : principe de Précaution et principe de Responsabilité,
- Principe de long terme : évaluation des impacts et réversibilité des choix, innovation en matière de pratiques de management,
- Principe de globalité : le global en relation avec le local ; principe de subsidiarité – mais aussi « penser globalement et agir globalement »,
- Principe de gouvernance : participation des résidents et usagers du quartier et / ou de la ville – volonté politique de favoriser l’appropriation par chacun de ces 6 principes.
Les destinataires de ce projet sont également les habitants qui sont au cœur de la démarche ainsi que l’ensemble des usagers d’un quartier et notamment les entreprises qui fournissent des emplois aux habitants des quartiers et qui polluent aussi de temps en temps, qui génèrent des déplacements, du stationnement, etc... mais qui font partie intégrante de la vie du quartier. HQE²R est une démarche projet (intégrée et transversale) centrée sur un territoire urbain qui comprend des outils opérationnels permettant d’intégrer le développement durable dans les projets urbains. HQE²R enfin peut être utilisée comme un cadre de référence utilisable dans tous les pays européens.
La démarche HQE²R est structurée autour de la décomposition d’un projet urbain en quatre phases. Pour chacune de ces phases traditionnelles, la démarche HQE²R propose des méthodes, outils ou procédures opérationnelles permettant d’intégrer le développement durable.
Pour chacune de ces 4 phases, la démarche HQE²R propose des outils opérationnels :
La phase de décision correspond au choix du maire ou / et du bailleur social de lancer une action correctrice, par exemple une opération de renouvellement urbain ou une OPAH (Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat) ou une ZAC (Zone d’Aménagement Concertée), ou encore dans le cadre de la Politique de la Ville, ...
- La phase d’analyse comprenant l’état des lieux préalable, la collecte des données, la réalisation du diagnostic puis, à l’issue du diagnostic, la détermination des enjeux de développement et des priorités du Plan d’actions.
La phase de conception - évaluation, celle-ci commence par l’élaboration du cahier des charges du projet ou plan d’actions. plusieurs équipes proposent un projet et il s’agit de choisir un de ces projets ou une combinaison de ces projets ; c’est la phase d’élaboration du Plan d’actions.
Enfin, la dernière phase concerne l’action, la réalisation concrète du projet et son suivi, son évaluation. Dans cette phase, il y a la liaison avec les documents d’urbanisme, les projets ou programmes de construction, démolition, réhabilitation des bâtiments et des éléments non bâtis (une place, un square…) et enfin le suivi, l’évaluation de chacune des actions d’une part et du projet global d’autre part.
Un des points fort de la démarche réside dans les outils développés par le programme de recherche et permettant d’encadrer les différentes étapes de la démarche :
- La méthode HQDIL est le premier outil de la démarche et propose une méthode de diagnostic partagé de développement durable. Cette méthode comporte une première phase de bilan avec l’élaboration de l’état des lieux. Une grille d’analyse spécifique a été élaborée et celle-ci permet de réaliser un état des lieux le plus complet possible. Enfin vient la phase d’analyse avec l’élaboration du diagnostic proprement dit, avec l’identification des points forts et des points faibles ainsi que des liaisons avec les autres quartiers de la ville.
- Le second outil de la démarche est le modèle ENVI (ENVironnemental Impact). Son objectif est d’apporter un éclairage sur le diagnostic environnemental d’un territoire d’une part et sur l’impact environnemental de différentes actions pouvant être réalisées au niveau du quartier ou d’un micro-territoire (petite ville, territoire d’un GPV ou quartier, etc.) d’autre part. L’utilisateur peut élaborer des scénarios qui aboutiront à modifier le fonctionnement du quartier : évolution du nombre d’habitants, de logements ; d’emplois, de modes de déplacement,… Il peut aussi simuler des actions ponctuelles visant à améliorer l’efficacité énergétique, à économiser l’eau, … Toutes les variables d’entrée peuvent faire l’objet de modifications. Les actions sont évaluées pour leur impact sur les différentes variables de sortie environnementales : énergie, eau, déchets, CO2, espace…
- Le modèle INDI (INDicateur d’Impact) est un outil opérationnel permettant de définir les indicateurs de développement durable (environnementaux, sociaux et économiques) adapté au contexte de renouvellement urbain en France. Ce modèle décompose ces indicateurs en 5 objectifs de développement durable :
- Préserver et valoriser l’héritage et conserver les ressources
- Améliorer la qualité de l’environnement local
- Améliorer la diversité
- Améliorer l’intégration
- Renforcer le lien
A ces 5 objectifs 21 cibles leur sont attribuées (réduire les nuisances sonores, éviter l’étalement urbain…), 51 sous-cibles (réduire la pollution sonore lié au trafic, optimiser la consommation d’espace) et 61 indicateurs (densité urbaine, longueur de voirie sujette à nuisance sonore…). Ce modèle permet de situer ou d’évaluer un projet urbain au regard de ces objectifs, cibles et indicateurs.
D’autres outils ont également été développés dans le même cadre :
- ASCOT (Assessment of Sustainable Construction & Technology cost), pour simuler le coût global de l’emploi de « technologies durables » pour la construction ou la réhabilitation,
- CIGAR (Cross Impact Grid for Assessment of scenaRios), pour analyser les impacts croisés des actions d’un projet urbain,
- CGSP (Coût global social partagé) pour aider à la décision démolir/réhabiliter dans les parcs de logements sociaux.