Et si on prenait la qualité de l’air dans nos écoles (et ailleurs) vraiment au sérieux ?
- Création : jeudi 23 novembre 2017 08:25
- Écrit par Jean-François PAPOT
La qualité de l’air (en ile de France comme ailleurs) est devenu un enjeu de santé public. A l’exception de quelques collectivités exemplaires, c’est cependant un enjeu d’irresponsabilité collective puisque tout le monde en connait l’impact sur la santé et que personne (ou pas grand monde) ne s’en préoccupe vraiment.
Une énième étude alarmante
Si l’exemple de la pollution urbaine est largement commenté voire politisé, la récente étude de l'association Robin des bois remet, en Ile de France, l’accent sur la pollution dans les écoles. L’association n’a pas fait les études elle-même mais s’appuie des diagnostics effectués par les services de l'Etat dans le cadre d'une campagne nationale lancée par le ministère de l'Ecologie en 2012. Le constat est édifiant puisque 58% des établissements doivent faire l'objet d'une vigilance renforcée sur la manière à réduire le transfert des polluants sous forme de poussières ou d'émanations dans les salles de classe ou les cours de récréation.
De nombreux établissements se retrouvent ainsi en situation de risques voire d’exposition à des situations néfastes à la santé des enfants et encore seuls des volontaires ont été testés !
Un contrôle obligatoire qui devient enfin applicable
Cette nouvelle étude est publiée alors que l’obligation de mesure de la qualité de l’air dans certains établissements publics, instaurée par la loi Grenelle 2 en 2012, deviendra enfin applicable aux crèches et aux écoles le 1er janvier prochain.
Même si ces dispositifs de surveillance ont été considérablement allégés par rapport à ce qui était initialement prévu, ils permettront aux collectivités d’avoir une vision scientifique et objective de la qualité sanitaire de l’air auquel les enfants sont exposés. Espérons qu’ellse sauront en tirer les conséquences !
Quand la loi génère des hérésies sanitaires
Il restera toujours une hérésie réglementaire puisque les débits imposés par les lois fixent une valeur de renouvellement d’air de 15 m3/h par enfant alors que le droit du travail fixe 25 m3/h pour les employés.
Cette règle de 15 m3/h, pensée en imaginant que les enfants ont des poumons plus petits que les adultes apparait sans fondement scientifique et pourtant elle est reprise par nombre de programmes et reprise telle quelle par nombre de projets neufs alors pourtant que la maitrise croissante de l’étanchéité à l’air des bâtiments consacre le rôle indispensable de cette ventilation contrôlée dans la qualité de l’air à laquelle nous exposons collectivement nos enfants.
Si certaines collectivités semblent vouloir faire des efforts en ce domaine, demandant 18m3/h voire pour les plus audacieuses 20 m3/h … combien demandent 25 m3/h voire 36 m3/h (seuil demandé par de nombreuses études sérieuses) ?
Nous relevons hélas régulièrement dans des projets ou des concours, l'étrangeté d’instituteurs /institutrices qui réglementairement n’ont droit qu’à 15 m3/h dans leur classe où ils /elles passent la majorité de leur temps alors qu’ils /elles « profitent » de 25 m3/h dans la salle des maitres où ils/elles ne font finalement que passer…. Que dire des enfants qui, si il faut le préciser, ont des plus petits poumons mais respirent plus fréquemment ?
Quand l’argument de l’énergie est appelé au secours de notre inconséquence collective
Les arguments en faveur de cette sous-ventilation deviennent spécieux lorsque leurs auteurs prennent l’excuse du développement durable et plus exactement de la maitrise de demande en énergie : sous ventiler permettrait d’économiser l’énergie (puisque moins d’air à chauffer). C’est juste physiquement mais alors pourquoi ne pas aller au bout de l’argument : pour économiser l’énergie, ne chauffons pas les écoles … après tout, les plus forts survivront !
Trèves de sarcasmes, des solutions existent comme la ventilation double flux (qui récupèrent une grande partie de l’énergie de l’air extrait pour réchauffer l’air entrant) par exemple.
Alors rien n’est possible ?
Bien sur que si !
Traiter la qualité de l’air à l’intérieur doit commencer par se poser la question de l’air extérieur, choisir avec soin l’emplacement des prises d’air en fonction de cette pollution et des vents ; retenir une ventilation double flux à haut rendement ; choisir des filtres performants ; sélectionner des revêtement en contacts avec l’air intérieur avec de faibles (voire nulles) émissions en COV … et une fois ce travail fait, se soucier du mobilier et des produits d’entretien utilisés .
La tâche est immense et concerne nombre de services dans les collectivités mais l’enjeu est d’importance : sauvegarder la santé de nos enfants !
Et même quand tout cela est fait, il reste aux collectivités à accepter de prendre la température du malade : ayons le courage d’analyser sérieusement la qualité de l’air dans les écoles existantes.
Le malade n’ira peut être pas mieux pour autant mais au moins deviendra t-il possible de le soigner !