La biophilie, une bonne raison de remettre la nature au cœur de notre quotidien !
- Création : jeudi 29 juin 2017 14:03
- Écrit par Charlotte Solana
Le terme biophilie, littéralement « l’amour du vivant », désigne l’affinité innée de l’Homme pour le vivant et les systèmes naturels. Il a donné naissance à une méthode de design et d’aménagement qui rétablit le contact entre Homme et nature dans l’environnement urbain. Celle-ci a de nombreux bénéfices, aussi bien sur la santé humaine et la biodiversité que sur l’économie.
Qu’est-ce que la biophilie ?
Le terme biophilie a été inventé par le psychologue social Eric Fromm dans les années 1965 puis a été vulgarisé par le biologiste Edward Wilson, auteur de Biophilia, en 1984.
La biophilie est le besoin inné de l’Homme de se sentir connecté à la nature et aux biotopes. Elle explique, par exemple, le sentiment de plénitude que nous pouvons ressentir lorsque nous nous retrouvons immergés dans un espace naturel.
Ce besoin a donné lieu au design biophilique, branche du mouvement du développement durable, qui s’efforce de rétablir ce contact avec la nature dans l’environnement bâti. Il recrée les ambiances et les ressentis de la nature dans notre quotidien, fournissant des expériences sensorielles et réveillant ainsi nos sens. Cette méthode de conception se situe à la croisée des domaines de la santé, de la biodiversité, de l’art et de la beauté.
Comment intégrer la biophilie dans l’aménagement ?
Le cabinet de consulting et de planning stratégique environnemental Terrapin, dans sa publication 14 Modèles de Conception Biophilique, 2014, présente quatorze principes biophiliques. Ceux-ci ont pour but de guider les aménageurs dans l’intégration de la biophilie dans leurs projets.
Terrapin subdivise ces quatorze principes en trois catégories :
- La nature dans l’espace. Cette catégorie concerne la présence directe de la nature, sous toutes ses formes (végétaux, animaux, eau, mais également lumière, sons et effluves olfactives), dans un espace ou un lieu.
La présence de plantes en pots, de fontaines, de toits et de murs végétalisés, le renouvellement d’air et le confort thermique, ou encore tout simplement une fenêtre donnant sur un jardin, sont des exemples d’application des principes de cette catégorie.
- Les analogies naturelles. Elle concerne les évocations et imitations biologiques, non-vivantes et indirectes de la nature. Cela peut se traduire au niveau de la conception par l’intégration de meubles ou bâtis de forme biologique ou l’utilisation de matériaux et textures naturels
- La nature de l’espace. Cette catégorie concerne les ambiances recréées par les espaces aménagés et la réponse que nous avons à leur contact. Elles nous permettent de nous projeter, de nous évader tout en restant attentif à notre environnement. Au niveau de la conception, cela peut, par exemple, se traduire par la mise en place d’un lieu de refuge qui procure un sentiment de sécurité et de retrait et favorise le travail ou le repos ; ou bien par l’instauration passagère d’un sentiment de risque identifiable et maîtrisable, qui par la production de dopamine qu’elle induit, nous amène à nous sentir exaltés et bien dans notre environnement.
Exemple d’application du principe de risque : Levitated Mass de Michael Heizeh au Musée d’Art du Comté de Los Angeles,
(Source )
Ces principes de conception biophilique proposent une large gamme de possibilités de mise en œuvre, tant dans les environnements intérieurs qu’extérieurs, les rendant adaptables à tous les types de projets.
Pourquoi intégrer la biophilie dans les projets d’aménagement ?
Au-delà de l’aspect esthétique pur, l’intérêt du design biophilique est aujourd’hui prouvé. Diverses études ont montré son effet au niveau des entreprises, des structures d’éducation et de santé, voire même à une échelle plus large.
En effet, la conception biophilique permet :
• Au travail, de réduire le stress, l’absentéisme et d’augmenter la productivité, la créativité et le maintien des équipes.
• Dans le domaine de l’éducation, de réduire le taux d’absentéisme, d’améliorer les résultats d’examen et d’accélérer l’apprentissage.
• Dans le domaine de la santé, de réduire le temps d’hospitalisation et d’accélérer le temps de guérison.
• Au sein des collectivités, de réduire la criminalité et d’augmenter la valeur immobilière.
Le design biophilique, en recréant un lien à la nature quelque peu perdu au vu du contexte actuel où nous passons la majeure partie de notre temps dans des espaces urbains et intérieurs, apparaît comme un moyen de replacer le bien-être et la santé des usagers au cœur de l’aménagement.