mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. - Twitter : @LesEnR - Linkedin : @Vizea

Vizea

Accueil > Actualité > Actualités > Energie – Performances énergétiques dans le tertiaire : pas sans les salariés !

Energie – Performances énergétiques dans le tertiaire : pas sans les salariés !

Dans sa lettre mensuelle du mois de mai, le CREDOC* s’intéresse à la maîtrise des consommations d’énergie dans les locaux d’activité tertiaire, et à la tendance à l’automatisation et la centralisation des systèmes de gestion de l’énergie.

Cette publication synthétise les principaux résultats d’une étude publiée en décembre 2011 - « Les usages de l’énergie dans les entreprises du secteur tertiaire – des systèmes techniques aux pratiques », menée conjointement par le Département d’évaluation des politiques publiques du CREDOC et EDF R&D.


Cette étude explore deux aspects charnières pour mettre en œuvre une stratégie de performance énergétique dans le tertiaire :
  • l’investissement des entreprises dans des technologies performantes pour la gestion des consommations,
  • et l’appropriation de ces technologies par les salariés.
Pour explorer chacun de ces deux volets, l’étude s’appuie sur deux enquêtes :
  • Les résultats de l’enquête « Consommation d’énergie 2009 », réalisée en 2009  par le CREDOC, sont re-exploités pour analyser le degré d’automatisation des systèmes de chauffage, ventilation, climatisation et éclairage dans les locaux d’activité tertiaire.
  • Une enquête originale a ensuite été menée auprès de deux entreprises fortement engagées dans la réduction de leurs consommations énergétiques pour évaluer les comportements des salariés face à ces technologies.
Les grandes entreprises font massivement appel aux systèmes d’automatisation
L’enquête « Consommation d’énergie 2009 » menée auprès des activités de bureaux (excluant les commerces) prenait la forme d’un questionnaire portant sur  les systèmes de chauffage, climatisation, ventilation, éclairage, et occultations d’une part, les systèmes de régulation, programmation, de suivi des consommations associés d’autre part, ainsi que sur la possibilité pour les usagers d’intervenir dans les systèmes suscités.

Parmi les résultats obtenus, on retiendra par exemple que :
  • Climatisation : 70% des établissements sont équipés d’un système de climatisation
  • Ventilation : 34% des établissements ont un système de ventilation combiné avec le système de chauffage et de refroidissement (dans les autres cas, les bâtiments sont aérés par la ventilation naturelle)
  • Eclairage : 17% des établissements sont équipés d’un système de programmation de l’éclairage
  • Occultation : 8% des établissements fonctionnent avec un système d’occultation de la lumière géré de façon centrale

On observe le plus grand degré d’automatisation des systèmes dans les grands établissements (plus de 50 salariés et plus de 500 m²). La date de construction des locaux est également un facteur important (les locaux plus récents sont logiquement plus automatisés). Ainsi :
  • La taille de l’entreprise : 47 % des établissements de 100 salariés et plus se caractérisent par un haut niveau d’automatisation des systèmes (contre 29 % en moyenne)
  • La date de construction des locaux : 84 % des établissements construits après 1988 ont un système de chauffage combiné avec le système de climatisation (contre 50 % pour ceux construits avant 1948)
En moyenne, près de 30 % des entreprises tertiaires ont investi dans les technologies performantes. Concernant les perspectives d’investissement, 38 % des établissements de 100 salariés et plus envisagent de prendre au moins deux mesures pour diminuer les consommations d’énergie et d’eau (contre 13% dans les établissements de moins de 10 salariés).

Pour mieux comprendre le rôle joué par les salariés, le CREDOC a ensuite mené une seconde enquête qualitative auprès des salariés de deux entreprises. Ces entreprises sont toutes deux engagées dans le développement d’un bâtiment performant énergétiquement, mais, outre leur profil radicalement opposé, elles mettent également en œuvre des stratégies différentes.

Deux entreprises exemplaires, deux stratégies différentes
La première entreprise étudiée est une unité R&D d’une grande entreprise du secteur de l’énergie, qui vient d’emménager dans des locaux neufs. Les systèmes de gestion de l’énergie sont entièrement automatisés et non pilotables par l’usager. La performance énergétique est pensée comme le résultat de la bonne conception et du bon fonctionnement des systèmes techniques.
La seconde entreprise – petit bureau d’études  de type « familial » travaillant dans le domaine de l’énergie – vient de faire rénover ses locaux. Ceux-ci sont pourvus de systèmes performants, mais l’implication des usagers est jugée indispensable pour le fonctionnement optimal des systèmes.

On notera que le premier modèle d’entreprise est plus rare. D’après l’enquête « Consommation d’énergie 2009 », il ressort que dans 80% des bureaux, les salariés ont la possibilité d’intervenir sur la température de consigne pour le chauffage et la climatisation, et que dans 95% des bureaux, les salariés ont la possibilité d’ouvrir les fenêtres de leurs bureaux.

Les difficultés d’appropriation des dispositifs techniques par les salariés
Des entretiens ont été réalisés avec les salariés des deux entreprises pour comprendre les pratiques des usagers et leur perception sur : l’historique du projet de « bâtiment performant », la manière dont l’entreprise les engage à participer et leurs pratiques quotidiennes.

Il ressort que, dans les deux cas, un processus d’adaptation aux technologies nouvelles se met en place. En effet, quelle que soit la stratégie adoptée, les usagers sont responsables de leur bon fonctionnement : soit par leur adaptation aux exigences des automatismes, soit par leur mobilisation sur la nécessité des économies d’énergie. Or il y a parfois une perception de contradiction entre les impératifs environnementaux (température intérieure à 19°C, ne pas ouvrir les fenêtres avec une VMC) et les impératifs de confort (température intérieure à 21°C, ouverture des fenêtres pour bénéficier d’une ventilation naturelle). D’après l’enquête, le processus d’adaptation peut se composer d’adhésion, d’inadaptation ou de résistance. La résistance se rencontre surtout lorsque les usagers ont l’impression que les systèmes vont à l’encontre de leur confort, voire de leur propre conception des impératifs environnementaux (ventilation naturelle plutôt que climatisation par exemple). L’absence d’une dynamique d’apprentissage associée à ce renouvellement technologique est donc à déplorer, est doit être un chantier majeur. L’atteinte d’une performance énergétique optimale passe aussi par une adaptation réciproque usages/systèmes.
Par ailleurs, cette enquête ne permet malheureusement pas de conclure à laquelle des deux stratégies donne de meilleurs résultats, faute de pouvoir collecter les indicateurs nécessaires permettant de conclure sur la réussite ou l’échec des mesures adoptées.

L’usager  n’est pas un agent passif !
Pour analyser le rôle joué par les salariés dans la gestion de l’énergie des bâtiments performants, il faut comprendre la manière dont sont conçues les technologies de gestion des consommations. En effet, l’automatisation des usages requiert l’établissement d’un « comportements type » pour la programmation des systèmes. Pour obtenir des résultats conformes aux prévisions théoriques, l’usager est donc tenu de se conformer à ce comportement normé. La moindre intervention sur le système induira forcément une perturbation, et donc des résultats moindres.

Or une autre étude publiée en 2011 par l’Environnemental Change Institute d’Oxford souligne également l’impératif d’associer les usagers des bâtiments à l’objectif global de réductions des consommations, évaluant leur part de responsabilité de 25 à 50% des consommations d’un bâtiment. Dans cette optique, ce sont les choix des usagers qui sont déterminants, le bâtiment et les systèmes techniques répercutant ensuite les implications énergétiques de ces choix. 

 


Retrouvez la lettre mensuelle du mois de mai publiée par le CREDOC

 * Le CREDOC, Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie, est un organisme d'études et de recherche créé en 1954. En 2005, il rejoint le réseau européen ENSR (European network for social and economic research). Outre des rapports et études thématiques, le CREDOC publie une lettre mensuelle, Consommation & Modes de Vie.

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to TwitterSubmit to LinkedIn