Quelle place de l’économie circulaire dans les projets d’urbanisme ?
- Création : 25 septembre 2015
- Écrit par Renaud DERRIEN
Du lundi 14 au 19 septembre et en lien avec la COP21, la mairie de Paris a réalisé les Etats Généraux de l'économie circulaire. Cet événement est l'occasion de revenir sur le développement d'un modèle d'économie circulaire qui réduit au minimum la consommation des ressources et les rejets dans l'environnement. Il permet également d'interroger les possibilités d'intégration de l'économie circulaire aux projets d'urbanisme, au prisme de la réflexion sur le TERREP.
Le rôle de l'économie circulaire dans les projets urbains
Au cours des années 2012 et 2013, la notion d'économie circulaire s'est imposée en France comme une terminologie englobante et un nouveau modèle économique. La définition de ce concept n'est pas encore stabilisée mais celles proposées par le Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie (MEDDE) et l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) s'articulent autour d'une prise en compte large des trois « temps de vie » des biens (et services) que nous consommons. Au sein de ces trois champs, se répartissent les 7 « piliers » de l'économie circulaire :
Ces 7 piliers mobilisent des multiples champs d'intervention, dont notamment l'aménagement du territoire et l'urbanisme. En effet, la dimension spatiale est fondamentale dans la notion d'économie circulaire car les ressources dont nous disposons sont surfaciques (leur importance dépend de la surface qu'on leur alloue). Ainsi, selon LesEnR, la ville durable et le TERritoire à REssources Positives (TERREP) doivent permettre de consommer moins en prenant en compte les ressources surfaciques. Pour cela, nous sommes convaincus que les villes sont des gisements de ressources qui peuvent devenir des pivots de l'autosuffisance, notamment en favorisant l'économie circulaire dans leurs projets.
L'écoquartier Hammarby Sjöstad à Stockholm : un exemple d'économie circulaire appliqué à l'urbanisme
Situé au sud de Stockholm l'écoquartier d'Hammarby est un exemple emblématique d'économie circulaire urbaine.Il est cité aujourd'hui comme référence internationale pour l'application de solutions écologiques à l'échelle du quartier. Le projet de la ville visait à expérimenter de nouvelles méthodes de planification environnementale à l'échelle urbaine et intégrant les principes de l'économie circulaire. La réhabilitation de cet ancien site industriel de 2014 ha a été réalisée en suivant des objectifs de sobriété et d'efficacité énergétique, d'optimisation de l'usage de l'eau et de la gestion des déchets.
L'analyse métabolique du quartier a permis de définir sa planification autour de différents axes prioritaires montrant les enjeux pour l'urbanisme :
- Dépollution des sols, revalorisation des terrains (aménagement d'espaces verts et d'un cadre de vie attractif) et utilisation des sols déjà construits (recyclage foncier)
- Exploitation de matériaux à faible impact sanitaire lors de la construction de nouveaux bâtiments et infrastructures (écoconception)
- Développement maximal des transports en commun, par la multiplication des réseaux et moyens de communication (bus tramway, ferries, liaisons douces...) selon les principes de l'économie de fonctionnalité ;
- Optimisation des services d'eau, d'énergie et de déchets (écologie industrielle et territoriale). La pluralité d'acteurs impliquée dans le projet (services administratifs, paysagistes et architectes, urbanistes, entreprises, centres de recherches etc.) illustre la transversalité et la globalité du projet. Les synergies se sont mises en place et développées par une approche intégrée et innovante : le modèle « Eco-cycle », fruit de la coopération entre la municipalité, la compagnie des eaux Stockholm Vatten, le service des déchets de Stockholm et Birka Energi.
Ce modèle permet un bouclage vertueux des systèmes d'énergie, d'eau et de déchets.
Economie circulaire et TERREP : vers une nouvelle réflexion sur la ville durable
Toutes ces thématiques sont présentes dans la vision que LesEnR porte sur la ville durable qui est notamment formalisée dans son approche TERREP (TERritoire à REssources Positive) rejoignant le concept d'économie circulaire et la démarche effectuée sur le quartier Hammarby. En effet, l'ambition de cette approche est notamment de créer de l'énergie à partir des déchets, de réutiliser l'eau de pluie sur site, de gérer les eaux usées de façon intégrée en réduisant leur impact environnemental et de produire localement des énergies renouvelables.
Toutefois, à la différence de l'exemple suédois, l'aspect social est mis au cœur de la démarche TERREP, notamment par l'étude de toutes les conditions de mises en place d'une Economie Sociale et Solidaire (ESS) à travers les différents projets effectués. Ainsi, par exemple, les projets urbains sont l'occasion de mettre en valeur l'ESS dans le secteur des déchets (étude de faisabilité de ressourceries, pertinence d'actions de structures de l'ESS dans la chaine de valorisation des déchets etc.).
Ainsi, la ville de demain doit être pensée dans un écosystème où les déchets des uns constituent les ressources des autres et où les flux de matières et d'énergie sont bouclés dans un « métabolisme circulaire ».
Cette démarche deviendra sans doute un des piliers de la planification et de la construction urbaine.
Septembre 2015, de la semaine européenne de la mobilité au weekend Alternatiba et la journée sans voiture à Paris
- Création : 15 septembre 2015
- Écrit par Laetitia SECHET
Du mercredi 16 au mardi 22 septembre 2015, se déroulera la semaine européenne de la mobilité, dans la dynamique de la conférence sur le climat Cop21 qui s'organisera le à Paris en décembre 2015. Le mois de septembre sera riche en événements sur la mobilité, avec l'arrivée d'Alternatiba sur Paris ou encore la journée sans voiture à Paris, le weekend du 26 et 27 septembre 2015.
Pour sa 14ème édition, les citoyens sont invités durant la semaine de la mobilité à changer leurs habitudes de transport et à utiliser des moyens de déplacement alternatifs à la voiture particulière : transports publics, covoiturage, autopartage, vélo... Divers événements sont ainsi prévus, notamment en France :
- Vendredi 18 septembre : Journée des vélo-écoles. Les 40 vélo-écoles membres du réseau de la FUB pourront profiter de cette cinquième édition pour faire connaître leur engagement auprès des scolaires, des adultes ou encore des entreprises.
- Samedi 19 septembre : Journée du transport public. Du tarif réduit à la gratuité des transports, plusieurs villes ou acteurs ont déjà proposé des actions pour encourager ce transport alternatif à la voiture. Programme des initiatives.
- Week-end du 19/20 septembre : Journées Nationales des Voies Vertes. Diverses manifestations sont attendues sur nos voies vertes, de la randonnée aux actions de maintien en bon état des itinéraires. Programme des initiatives.
Dans la même dynamique, le tour Alternatiba pour le climat et ses villages successifs arrivera en Ile-de-France le 20 septembre 2015. Chaque jour se succédera une étape : Rambouillet, Malakoff, Ivry, Montreuil, L'Ile-Saint-Denis puis Paris, avec une grande vélorution, la climate pride, de porte de Pantin à la place de la République le 26 septembre.
Enfin, Paris organise le dimanche 27 septembre 2015 une journée atypique, au cours de laquelle plusieurs secteurs de la capitale seront réservés aux piétons et aux cyclistes.
De 11h à 18h, aucun véhicule ne sera autorisé à circuler les secteurs suivants :
- l'hypercentre de Paris (Ier, IIe, IIIe et IVe arrondissements en partie), ainsi qu'un périmètre autour des champs Elysées
- le périmètre autour de la tour Eiffel et du Champ-de-Mars,
- le bois de Vincennes et le bois de Boulogne.
Cette démarche a été initiée par le collectif « Paris sans voiture » puis proposée à la Mairie de Paris. Limitant pour sa première édition l'action à quelques secteurs, Paris pourrait suivre par la suite l'exemple de nos voisins belges, où toute la Région bruxelloise, y compris la Ville de Bruxelles, est depuis 15 ans interdite aux voitures le temps d'une journée. Cette année le « Dimanche sans voiture à Bruxelles » aura lieu le 20 septembre 2015, en pleine semaine européenne de la mobilité.
Voitures partagées et mobilité urbaine : comment s’y retrouver dans une offre qui s’élargit ?
- Création : 1 septembre 2015
- Écrit par Nicolas CORTESI
Alors qu’il y a quelques années, l’alternative pour des déplacements en ville se résumait à voiture individuelle ou transports en commun, les solutions possibles se sont peu à peu diversifiées. La part modale du vélo progresse peu à peu (en moyenne 5% des déplacements en France, loin des Pays Bas mais la tendance est à la hausse). La part de l’utilisation des transports en commun, dans les villes où ils se développent et où la qualité de service s’améliore, progresse également.
Malgré ces développements, la part modale prépondérante en ville reste la voiture individuelle.
Ce qui change depuis peu est que ces déplacements ne se font plus forcément avec une voiture personnelle mais avec des véhicules mutualisés. Parmi les solutions disponibles pour un habitant de Paris, de Lyon ou de Grenoble, on peut citer :
- Le système de voitures partagés électriques Blue Car (nommé Autolib à Paris et Bluely à Lyon). Nous sommes ici dans un système d’abonnement permettant de prendre un véhicule à un point A et de le rendre à un point B (dit en trace directe).
- Le système d’autopartage CITIZ, accessible dans plusieurs dizaines de villes en France. Ce sont des véhicules thermiques, également accessibles sur abonnement et cette fois-ci en boucle fermée (prise et retour du véhicule au même endroit). L’avantage de Citiz repose sur l’intermodalité : un Lyonnais devant se rendre à un rdv à 15 km de Chambéry peut prendre le train de Lyon à la gare de Chambéry et terminer son trajet en CITIZ.
- Pour compléter le paysage de ces nouvelles offres, la location de véhicules entre particuliers (par des sites tels que Drivy, Ouicar par exemple) permet pour un particulier possédant une voiture et l’utilisant peu de la louer et donc d‘optimiser son utilisation (il faut savoir qu’une voiture particulière reste plus de 80% inutilisée).
- Dernier moyen de transport en voiture connaissant un essor important : le covoiturage avec le succès emblématique de BlaBlaCar. Sur certains trajets, la SCNF considère d’ailleurs que BlaBlaCar est son principal concurrent….
- L’innovation n’est pas finie : la municipalité de Strasbourg est en train d’expérimenter un système d’autopartage alliant trace directe et boucle fermée : « Yea ! » permet de prendre un véhicule stationné à proximité de l’usager (localisation par smartphone ici encore) et de le garer sur n’importe quelle place de stationnement du lieu de destination. Ces véhicules sont exemptés de paiement du parcmètre et le coût de location est très compétitif quand on souhaite se passer d’un second véhicule (voire de ne plus avoir de véhicule du tout).
Le point commun de toutes les solutions citées repose sur la révolution numérique et le smartphone qui permet rapidement et de façon très souple de consulter, de réserver, de modifier des réservations de trajets. C’est l’axe majeur et la condition du succès : une solution de mobilité ne pourra fonctionner que si elle permet de faire gagner du temps. Posséder une voiture n’est donc plus le Graal de la mobilité : il est bien plus judicieux de savoir jongler entre toutes les solutions à disposition dans la ville. Certaines municipalités ne s’y sont d’ailleurs pas trompées en développant des applications calculant en temps réel la meilleure solution pour aller d’une adresse à l’autre en fonction de l’heure, du trafic, de la météo…Optimod en est un bel exemple sur la Métropole de Lyon
Un récent rapport de la commission d’enquête sénatoriale publié le 15 juillet évalue à près de 101 milliards d’euros par an le coût annuel de la pollution de l’air en France. Il est urgent d’agir pour améliorer la qualité de l’air en ville et optimiser les déplacements automobiles y contribue, surtout quand certaines solutions de mobilité sont électriques avec approvisionnement à 100% en énergies renouvelables (ce qui est le cas pour BlueLy par exemple).
Pour conclure sur l’aspect économique en comparant une solution de possession d’un véhicule (une 308 diesel dans notre exemple) et celle d’une location pendant les vacances et l’utilisation de voitures partagées le reste du temps, les résultats sont surprenants(source : Tribune de Lyon N°494, mai 2015) :
- Coût de la solution « possession du véhicule » : 6400 euros par an
- Coût de la solution « 3 locations longues de vacances + nouvelles solutions de mobilité » : 3530 euros par an
Il est peut-être temps de repenser notre rapport à la voiture et particulièrement à la logique systématique de l’achat ?
Ce n’est pas d’une voiture dont on a besoin, c’est de solutions de mobilité pratiques et agréables !
Vers l’intégration du coefficient de biotope par surface (CBS) au règlement du PLU
- Création : 28 août 2015
- Écrit par Laetitia SECHET
Le ministère du Logement soumet à la consultation du public jusqu'au 15 septembre un projet de décret relatif à la modernisation du contenu des plans locaux d'urbanisme. L'une des mesures vise à encadrer l'urbanisation des espaces non bâtis, notamment par l'affectation d'un coefficient autrement appelé coefficient de biotope par surface (CBS).
La loi ALUR pour l'accès au logement et un urbanisme rénové adoptée le 24 mars 2014 aborde dans son chapitre IV un certain nombre de mesures visant la clarification du plan local d'urbanisme. Elle prévoit notamment la possibilité via le règlement du PLU d'imposer une part minimale de surfaces non imperméabilisées ou éco-aménageables.
Dans ce contexte le projet de décret précise que le règlement du PLU peut, sur les surfaces éco-aménageables en faveur de la nature en ville et de la biodiversité, « spécifier les surfaces prises en compte à ce titre et leur affecter un coefficient calculé comparativement aux espaces équivalents de pleine terre ».
Egalement appelé coefficient de biotope par surface, ce coefficient permet d'évaluer la qualité environnementale d'un territoire (parcelle, ilot, quartier...) et des projets qui y sont dessinés.
LesEnR se réjouit de cette avancée. En effet, nous appliquons le coefficient de biotope par surface depuis plusieurs années dans nos projets d'aménagement ou de renouvellement urbain. Défini dès la transcription des enjeux en objectifs pour le projet, le CBS garantie une « valeur écologique » minimale des projets à différentes échelles. Le CBS est en relation directe avec la biodiversité, la perméabilité des sols ou encore la lutte contre l'ilot de chaleur.
Développé par la ville de Berlin, le CBS se calcule ainsi :
CBS = surfaces éco-aménageables / surface de la parcelle
Les surfaces éco-aménageables sont précisées au moyen de coefficients pondérateurs, relatifs à la « valeur écologique » de chaque type de surface.
Source : ADEME, Ville de Berlin
Pour plus de précision et des exemples d'application du CBS : Fiche ADEME sur le CBS
Pour participer à la consultation du projet de décret relatif à la modernisation du contenu des plans locaux d'urbanisme : Site internet de la consultation
Projets immobiliers : le volet « au cas par cas » des études d’impact
- Création : 28 août 2015
- Écrit par Cécile CARON
La loi Macron a habilité le Gouvernement à prendre des ordonnances en vue de réformer le droit de l'environnement en simplifiant notamment les règles d'urbanisme pour réduire les délais des projets. Le texte vise "une meilleure coordination des études d'impacts des projets et des évaluations environnementales des documents d'urbanisme, afin d'optimiser les études, de réduire les délais, et de sécuriser les procédures, dans un souci d'une meilleure prise en compte des problématiques environnementales par le porteur de projet", a précisé de son côté le ministère du logement.
Cette volonté prolonge l'intention en 2012 de simplifier les études d'impacts en introduisant les études au cas par cas qui restent trop souvent méconnue des acteurs de l'immobilier.
La procédure « au cas par cas » permet de ne mener une étude d'impact que lorsque celle-ci est jugée nécessaire par l'autorité environnementale.
Procédure administrative de l'évaluation des impacts sur l'environnement (Source : actu-environnement.com)
Depuis 2012, les seuils applicables aux projets immobiliers sont les suivants (catégorie « Travaux ou constructions soumis à permis de construire » - article R. 122-2 du code de l'environnement) :
Procédure d'examen au « cas par cas »
Rédaction du formulaire
Un formulaire de demande d'examen « au cas par cas » doit être complété.
Il comprend notamment :
- l'identification du maître d'ouvrage
- la caractéristiques générales du projet (nature, localisation, dimensions)
- la sensibilité environnementale de la zone d'implantation envisagée
- les caractéristiques de l'impact potentiel du projet sur l'environnement et la santé humaine (effets négatifs, positifs, directs, indirects, temporaires et permanents, à court, moyen et long terme)
- les annexes obligatoires (plans, photos)
Le formulaire complété est ensuite adressé à l'autorité environnementale compétente.
Sur la base des éléments fournis, elle décide si le projet est susceptible d'avoir des incidences notables sur l'environnement, justifiant la réalisation d'une étude d'impact. Un formulaire est réputé complet lorsque l'ensemble de ses rubriques sont remplies, et que toutes les annexes obligatoires sont fournies.
La qualité et la pertinence des informations apportées par le formulaire sont donc décisives.
Où trouver le formulaire : https://www.formulaires.modernisation.gouv.fr/gf/cerfa_14734.do
Instruction du dossier
L'autorité environnementale peut demander de compléter le formulaire, dans un délai de 15 jours, afin qu'elle dispose des éléments nécessaires pour prendre sa décision. Elle dispose d'un délai de 35 jours pour prendre sa décision, à compter de la réception du formulaire complet.
L'instruction s'effectue d'après 3 critères (Annexe III de la directive 2011 / 92 / UE du 13/12/2011) :
- La nature du projet :
- Dimension et caractéristiques / programme de travaux
- Utilisation de ressources (sol, eau, forêt, cours d'eau)
- Production de rejets, de déchets, de pollutions, de nuisances
- Sa localisation / sensibilité environnementale du site :
- Zones de protection particulières des milieux naturels (Natura 2000, zones humides, ...)
- Paysage et patrimoine
- L'évaluation des impacts :
- Étendue spatiale de l'impact, ampleur et complexité,
- Durée et fréquence,
- Réversibilité