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Le 11ème programme d'intervention 2019-2024 de l'agence de l'eau Seine-Normandie

Le 11ème programme, intitulé programme "Eau et climat", détermine pour une durée de 6 ans le montant des aides et des redevances. Ainsi c'est 3,84 milliards d'euros qui sont prévus sur 6 ans pour reconquérir la qualité de l'eau et s'adapter au changement climatique!

Le comité de bassin et le conseil d’administration de l’agence de l’eau Seine-Normandie ont approuvé le 9 octobre 2018 le nouveau programme d’intervention de l’agence de l’eau pour les 6 années à venir (2019-2024). Tout en s’adaptant aux enjeux des territoires, ce programme veut s’inscrire dans le cadrage du Ministère de la Transition écologique et solidaire pour l’eau, en faveur du climat et de la biodiversité et des orientations gouvernementales issues des Assises de l’Eau.

 

LES EVOLUTIONS A RETENIR

BAISSE DE 13% DE LA PRESSION FISCALE ET RÉÉQUILIBRAGE DES REDEVANCES ENTRE USAGERS

  • 3,9 milliards d’euros de redevances collectées par l’agence de l’eau en baisse de 13 % par rapport au 10ème Programme afin de répondre à l’objectif national de réduction des prélèvements obligatoires,
  • des redevances rééquilibrées entre les différentes catégories d’usagers : baisse de 5,5 centimes/m3 de la redevance versée par les consommateurs en faveur de la modernisation des réseaux de collecte, dont le taux passera de 24 cts d’euros par m3 à 18,5 cts d’euros par m3 ; augmentation de la redevance pour pollution diffuse versée par les vendeurs de produits phytosanitaires,

3,84 MILLIARDS D’EUROS D’AIDES POUR L’EAU ET L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

  • pour aider les collectivités dans leurs investissements pour l’eau et l’assainissement, suite au constat dressé dans le cadre des Assises de l’eau,
  • pour la réhabilitation des réseaux d’assainissement vieillissants, l’agence peut apporter une subvention de 40% complétée d’une avance à taux zéro de 20%. 1 milliard d’euros sur 6 ans sera consacré au renouvellement des réseaux d’assainissement, en augmentation de 28% par rapport au 10e programme,
  • une nouvelle aide au taux de 40% est mise en place par l’agence afin de réhabiliter les réseaux de distribution d’eau potable pour les territoires les plus ruraux pour un budget global de 180 millions d’euros sur 6 ans.
  • pour réduire les pollutions diffuses agricoles (phytosanitaires et nitrates) : 305 millions d’euros d’aides sur 6 ans, soit une augmentation de 63 % par rapport au 10ème programme, sont prévus pour la réduction durable des pollutions agricoles, le soutien à l’agriculture biologique et le soutien aux filières à bas niveaux d’intrants.
  • pour préserver et restaurer les écosystèmes humides et marins et de la biodiversité en lien avec les enjeux de l’eau, jusqu’à 80% de subvention. Le budget consacré à la restauration des milieux s’élèvera à 340 M€ sur 6 ans,
  • pour gérer les eaux de pluie, un budget en hausse de 23 % par rapport au 10ème programme soit 228 M€ (jusqu’à 80% de subvention pour la maitrise des écoulements et des ruissellements en en zones urbaines pour les collectivités).

A Noter :
Les moyens de l’agence sont concentrés sur les actions les plus efficaces, conduites à une échelle pertinente pour les ressources en eau, en priorité pour les masses d’eau en mauvais état et en privilégiant les investissements par rapport aux aides au fonctionnement ou à l’entretien.
La conditionnalité des aides est renforcée pour soutenir les projets ambitieux, le recours à des solutions fondées sur la nature et le respect du cycle naturel de l’eau (hydraulique douce, infrastructures écologiques utiles pour l’eau, végétalisation…), et les projets « multifonctionnels » à la fois pour l’adaptation au changement climatique, l’amélioration de la qualité des eaux et la restauration de la biodiversité.
Les aides aux collectivités seront conditionnées à un bon renseignement de la base de données nationale du système d’information des services publics d’eau et d’assainissement (SISPEA) permettant de suivre en toute transparence la performance de ces services.
Le programme prévoit enfin, différents outils simplifiant l’octroi des aides aux maîtres d’ouvrage.

ZOOM SUR LES CONTRATS DE TERRITOIRE EAU & CLIMAT

Ce contrat est un outil de programmation d’actions. Il engage les différentes parties pour les objectifs environnementaux de la politique de l’eau et de l’adaptation au changement climatique. Ces parties sont également signataires de la stratégie d’adaptation du bassin.
Les maîtres d’ouvrage s’engagent sur au moins un des trois enjeux majeurs pour l’adaptation au changement climatique : gestion à la source des eaux pluviales, protection des captages d’eau potable, protection des milieux humides et aquatiques.
Le programme prévisionnel comporte au moins trois actions particulièrement pertinentes pour l’adaptation au changement climatique et au moins une action de sensibilisation ou de formation sur les thématiques eau/biodiversité/climat.

L'agence Seine-Normandie répondra quant à elle au cadrage gouvernemental grâce à des contrats eau et climat. Citons par exemple la lutte contre les fuites dans les réseaux d'eau potable dans les zones rurales. En ville, les efforts devront être mis sur la gestion de l'eau de pluie avec par exemple le Zéro-Rejet aux réseaux, le recours systématique à une végétation contextualisée et adaptée, la désimperméabilisation des sols ou la réutilisation de l'eau de pluie pour l'arrosage. La dimension innovante sera également encouragée, comme la recherche d'îlot de fraîcheur ou la mesure à distance des pertes dues aux fuites sur réseau.

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La Programmation Pluriannuelle de l’Energie enfin dévoilée !

Après de nombreux reports, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) a enfin été présentée par le Gouvernement le 27 novembre 2018. Elle présente la stratégie de la France sur les dix prochaines années en matière de politique et de transition énergétique.

Les objectifs majeurs affichés par cette PPE sont la réduction de la consommation d’énergies fossiles et la transition claire, juste et durable pour les Français. L’objectif est revu à la hausse pour le premier axe : l’Etat ambitionne une baisse de 40% des consommations d’énergies fossiles d’ici à 2030 (par rapport à 2012) afin de respecter ses engagements en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Les secteurs les plus influents et visés par la PPE sont les secteurs du bâtiment et de la mobilité.

Ainsi, le soutien de l’Etat sur la rénovation énergétique des bâtiments s’inscrit dans le cadre du Grand plan d’investissement (mis en place au début du quinquennat) pour les bâtiments publics et les bailleurs sociaux (avec plus de 7 milliards d’euros d’investissement). La loi ELAN nouvellement publiée a mis en place une obligation d’économie d’énergie dans les bâtiments à usage tertiaire (objectif de -40% d’ici à 2030).

En ce qui concerne les transports, le Gouvernement souhaite accompagner la population pour développer de nouvelles formes de mobilité plus respectueuses de l’environnement et accompagner au remplacement des équipements fortement consommateurs d’énergies fossiles.

L’accompagnement pour la transition écologique se traduit par différentes mesures de soutien public :

  • La prime à la conversion des chaudières est maintenue (jusqu’à 3 000 euros) avec l’objectif d’ 1 million de chaudières au fioul remplacées dans le quinquennat, dans la perspective d’une sortie du chauffage fioul d’ici à dix ans (entrainant rapidement 30% d’économie d’énergie) ;
  • La prime à la conversion automobile est revue avec un objectif à la hausse d’un million de bénéficiaires dans le quinquennat, et une prime pour les Français modestes ou qui doivent se déplacer sur de longues distances pour travailler.
  • renforcer le Fonds Chaleur (en priorisant la substitution du charbon par la biomasse), dont le budget sera rehaussé à 315 millions d’euros en 2019, puis 350 millions d’euros en 2020 (contre 245 millions d’euros en 2018). Il est par ailleurs prévu de multiplier par 5 la production annuelle de gaz « renouvelable » (principalement à partir de la méthanisation) d’ici à 2028, par rapport au niveau de 2017.

L’amélioration de la performance énergétique des logements est également un levier où les aides seront plus accessibles dès la réalisation de travaux simples :

  • Le Crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) sera étendu aux propriétaires bailleurs à partir de 2020. Pour les ménages modestes, il sera versé sous forme de prime, pour qu’ils puissent effectuer des travaux plus facilement. Pour eux, le taux d’aide sera bonifié.
  • L’éco-prêt à taux zéro est ouvert dès la réalisation d’un seul type de travaux (changement de chaudière, isolation, etc.), contre deux actuellement, pour faciliter le financement du reste à charge. Le dispositif sera aussi simplifié.
  • Le financement à 100% des audits énergétiques est prévu pour les ménages modestes propriétaires de passoires thermiques (logements classés F ou G) à partir de 2020.
  • Le chèque énergie sera augmenté de 50 euros pour les bénéficiaires actuels, soit un montant moyen de 200 euros et il sera étendu à plus de 2 millions de nouveaux bénéficiaires en 2019, qui recevront en moyenne 60 euros. Cela représente près de 6 millions de ménages aidés pour payer leur facture de chauffage.

La PPE détaille également ses orientations sur l’avenir du mix énergétique du pays. L’Etat parie sur un prix de l’électricité des plus compétitifs en Europe, en développant principalement les filières « matures, fiables, éprouvées » telles que le solaire et l’éolien terrestre, en échelonnant la fermeture des centrales nucléaires qui participent à la compétitivité du prix de l’électricité et en développant les interconnexions avec les pays limitrophes. Les mesures attendues et annoncées par le gouvernement sont les suivantes :

  • Arrêt des centrales à charbon d’ici 2022
  • Développement d’une nouvelle filière d’éolien en mer, triplement de l’éolien terrestre et multiplication par cinq du photovoltaïque à l’horizon 2030, indépendamment du calendrier nucléaire
  • Réduction du nucléaire à 50% d’ici à 2035

La stratégie nucléaire prévoit ainsi la fermeture de 14 réacteurs d’ici à 2035 (dont les deux de Fessenheim en 2020), ce qui représente un quart des réacteurs en activité. 4 à 6 d’entre eux seront arrêtés avant 2030 selon l’évolution des marchés de l’électricité. Le gouvernement précise que la réduction à 50% du nucléaire de la production d’électricité ne signifie pas la sortie du nucléaire. En effet l’Etat souhaite rester un pionner sur ce secteur à production décarbonée, malgré les enjeux de consommation des ressources, de dangers industriels et des déchets radioactifs. Le Gouvernement établira avec la filière nucléaire un plan précis pour mi-2021, qui devra permettre une prise de décision quant au lancement de la construction de nouveaux réacteurs.

Au niveau des taxes, la composante carbone et les taxes sur le gazole et l’essence qui agitent particulièrement l’actualité sont confirmés, avec une modulation en cas de dérapage des prix du baril.

La PPE a été accueilli de manière très différente par les professionnels. Si EDF est ravi du plan proposé par le gouvernement, d’autres acteurs se montrent plus sceptiques, notamment sur le développement des énergies renouvelables:

  • France Energie Eolienne précise dans un communiqué que : "si les objectifs pour l'éolien terrestre sont juste satisfaisants, les jalons posés pour l'éolien en mer ne permettront pas d'assurer une transition énergétique pérenne et de déployer cette filière industrielle et les emplois qui y sont attachés".
  • Enerplan, le syndicat des professionnels de l'énergie solaire, s'est en revanche félicité des annonces le concernant. "Cette PPE est une excellente nouvelle pour la filière solaire et nous disons banco", a réagi son président, Daniel Bour.
  • Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a enfin salué dans un communiqué "une trajectoire claire qui doit permettre une véritable montée en puissance des énergies renouvelables". Mais "le SER souhaite poursuivre les échanges avec le gouvernement dans les prochaines semaines afin d'affiner les trajectoires de certaines filières, particulièrement les énergies marines renouvelables", a nuancé son président, Jean-Louis Bal.
  • Quant à Engie, le groupe a exprimé sa satisfaction globale après la présentation de la feuille de route énergétique de la France jusqu'à 2028 malgré quelques "réserves", sur l'éolien flottant ou les prix du biométhane : "nous devons saluer les annonces faites aujourd'hui par le président de la République et le gouvernement, qui rejoignent très largement la stratégie qu'Engie a développée en matière de transition énergétique", a déclaré Didier Holleaux, directeur général adjoint. Il a salué notamment "la place importante confiée au gaz et la réaffirmation de l'objectif de 10% de biométhane à l'horizon 2030" même si "nous aurions été prêts à soutenir une trajectoire plus ambitieuse". Il a aussi demandé que la baisse des prix exigée par le gouvernement soit "raisonnable et adaptée au type de projet qu'on développe". Engie s'est par ailleurs réjoui des ambitions de développement des énergies renouvelables électriques, dans l'éolien terrestre et le photovoltaïque. "Sur l'éolien en mer, nous souhaiterions vivement - et ça n'a pas été précisé à ce stade - que l'éolien flottant fasse partie des solutions qui seront développées et qui feront l'objet d'appels d'offres", a toutefois indiqué Didier Holleaux. En effet, la France est l’un des pays possédant le plus gros potentiel en éolien offshore, pour aucun parc en activité contrairement aux autres pays européens.
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E+ C- Quartier est lancé avec huit projets pilotes

Le 15 octobre, un consortium d'acteurs de l’aménagement et du bâtiment, a lancé le projet de recherche et développement du label E+ C- (Energie+ Carbone-) à l'échelle du quartier.

Le consortium regroupe le CSTB, l'association BBCA, les certificateurs Alliance HQE-GBC, Certivea et Effinergie, ainsi que le technopôle Atlantech, le centre de R&D Efficacity et le bureau d'études Elioth.

Deux ans après le lancement de l'expérimentation E+C-, la démarche d’expérimentation vise à améliorer les connaissances et mieux quantifier les enjeux énergie et climat à l’échelle des quartiers ; outiller les acteurs de l’aménagement opérationnel pour des choix éclairés et aider à la fixation d’objectifs réalistes ; favoriser le changement d’échelle de l’approche E+C- et valoriser les actions et les mutualisations au-delà de la parcelle et du bâtiment.

Le programme se déclinera en trois phases.

Au début 2019, la définition du cahier des charges sera établie à partir de données disponibles et outils existants.

L'élaboration de la méthode garantira la définition des données nécessaires ainsi que la précision des cibles de performance pertinentes, selon le type de bâtiment, le contexte climatique ou encore la densité du projet.

Enfin, une mise en application de la méthode sera lancée sur huit projets pilotes :

  • « Atlantech » à La Rochelle,
  • « Cité Descartes » à Champs-sur-Marne,
  • « EcoCité Euroméditerranée » à Marseille,
  • « Sevran Terre d'avenir » à Sevran,
  • « Les nouveaux Echats » situé à Beaucouzé,
  • « Portes de Paris » : la partie nord du Parc d'activités à Saint-Denis/Aubervilliers (93),
  • « ZAC de Chesnes » en Isère,
  • « 17&Co » à Paris.

Dans la lignée des travaux menés dans le cadre du label BBCA quartier, l’objectif est de définir un futur référentiel permettant de quantifier l'impact carbone d'un quartier et d’accompagner la conception de quartiers à énergie positive et à faible empreinte environnementale tout en proposant une maîtrise des coûts économiques.

Les résultats sont annoncés pour mars 2021.

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Lutte contre la pollution lumineuse : deux décrets en consultation

Source de nuisances sur la biodiversité, de disparition du ciel nocturne et de consommation d’énergie, l’éclairage artificiel nocturne engendre une pollution lumineuse, sur lequel l’état projette, une nouvelle fois, de légiférer.

Afin de faire face aux enjeux de pollutions lumineuses, la loi Grenelle 2, en juillet 2011 avait donné suite à différents textes, fixant notamment la liste des installations lumineuses à encadrer. Cependant, des précisions sur les prescriptions techniques et limitations étaient toujours attendues.

France Nature Environnement (FNE), la fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement et la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (FRAPNA) sont entrés en action, afin d’accélérer l’action de l’état sur ce sujet, en déposant un recours auprès du conseil d’état.

Ceci a permis l’élaboration de deux arrêtés, aujourd’hui soumis à consultation :

  • Un projet d’arrêté fixant la liste et le périmètre des 13 sites d’observation astronomiques ;
  • Un projet d’arrêté relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses. Ce second arrêté encadre la conception et le fonctionnement de différents types d'éclairages extérieurs, qu’il soit destiné à favoriser la sécurité des déplacements nocturne, à mettre en lumière le patrimoine ainsi que les parcs et jardins, les équipements sportifs de plein air ou découvrables, les bâtiments non résidentiels, les parcs de stationnement non couverts ou semi couverts, événementiel, les chantiers en extérieur.

Ce projet d’article fixe un certain nombre d’indicateurs à respecter, tels la proportion de lumière émise au-dessus de l’horizontale, la température de couleur des dispositifs, le flux lumineux moyen installé ou encore la lumière intrusive dans les habitations.

Parallèlement, les associations FNE et FRAPNA ont également dénoncé les irrégularités à la réglementation en place, notamment concernant l’obligation de maintenir éteintes les vitrines, enseignes et publicités lumineuses entre 1h et 6h du matin, repérées au sein de différentes communes de Rhône-Alpes, Alsace, Auvergne, Bourgogne et de Franche-Comté.

Ainsi, si l’évolution de la réglementation semble importante et nécessaire pour porter les ambitions de réductions de la pollution lumineuse et garantir le droit au ciel nocturne, la mobilisation des acteurs demeure un vaste domaine sur lequel il est nécessaire d’agir afin de garantir l’application de la réglementation.

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Bâtir en terre crue en Ile de France, c’est possible !

La terre crue, matériau biosourcé étonnant n’attend que vous pour prendre vie et révéler tout son potentiel!

Mardi 9 octobre dernier, Vizea était à la journée « Bâtir avec la terre » organisée par le CAUE92. Les intervenants s’y sont succédés pour parler du matériau terre, de ses avantages et spécificités.
C’est donc l’occasion de revenir sur les points forts de la journée, pour montrer que oui, la terre est un matériau de construction durable et efficace dans la mesure où sa mise en œuvre est parfaitement maitrisée.

Les premières constructions en terre crue datent d’il y a environ 12 millénaires, avec la sédentarisation de l’Homme. Avec l’amélioration des techniques, les constructions en terre crue se sont complexifiées et sont devenues plus résistantes, jusqu’à traverser les siècles, comme en témoignent plusieurs exemples marquants. Par exemple, la ville de Shibam au Yémen est entièrement construite d’adobes. Surnommée le « Manhattan du désert », les immeubles en briques de terre crue qui constituent la ville font jusqu’à 7 étages et datent du XVIème siècle pour certains.

Les tulous, habitats traditionnels chinois érigés entre le XVème et le XXème siècle, sont un autre exemple de construction en terre crue. Environ 80 familles vivent dans ces constructions rondes dont les murs extérieurs sont en pisé et font jusqu’à 20m de haut pour 2m d’épaisseur de mur à la base et 1m d’épaisseur au sommet. Les murs et cloisons intérieurs sont eux en adobes.

Ces exemples illustrent la durabilité et la résistance du matériau terre. En effet, avec le temps, la terre peut indurer et rendre le matériau aussi solide que la pierre, comme c’est le cas du pisé des murs extérieurs des tulous. Certains édifices résistent mêmes à des séismes, comme la Casa Munita au chili, en terre allégée (mélange de terre plastique et de fibres végétales) qui a résisté à un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter.

Aujourd’hui, près d’un tiers de la population mondiale vit dans une habitation en terre crue et ce sur à peu près tous les continents et, historiquement, dans de nombreuses région françaises, alors pourquoi ne pas s’intéresser de plus près à ce matériau biosourcés ?

Structurellement, ce matériau fonctionne très bien en compression. Des vidéos réalisées par Amàco sont d’ailleurs disponibles en ligne pour illustrer les propriétés physiques étonnantes du matériau terre.

D’un point de vue acoustique, les caractéristiques de la terre crue sont excellentes. De même, le matériau a une inertie thermique très importante ; sans être un isolant thermique, la terre crue est donc très performante d’un point de vue confort hygrothermique.
Il faut aussi rappeler et insister sur le fait que la terre est un matériau biosourcé local, a faible impact environnemental qui peut facilement s’inscrire dans une dynamique d’économie circulaire. Cela en fait un matériau de choix quand il s’agit de bâtir durable.

Les techniques de mise en œuvre sont multiples : bauge, pisé, torchis, adobes, briques de terre crue compressées, briques de terre crue extrudées, terre coulée, terre crue allégée, enduit de terre, mortier de terre,… Elles permettent une large gamme de choix en matière de géométrie et d’aspect, ce qui en fait un matériau idéal pour les architectes, libres d’exprimer leur créativité.
Le choix d’une technique plutôt que d’une autre relève des propriétés de la terre qui sera utilisée, de la localisation du projet (conditions climatiques et état du savoir-faire local) et du choix de l’architecte.
Ces techniques traditionnelles de base tendent à s’industrialiser avec l’organisation de la filière terre crue. En France par exemple, l’association CRATerre s’attache à diffuser le savoir technico-scientifique sur le matériau terre et à le promouvoir au travers d’ateliers et de concours d’architecture mondiaux . L’association ASTerre, quant à elle, a pour but de porter la formation relative au matériau terre pour tous les acteurs de la conception à la réalisation, à l’échelle de l’Europe.

Le développement de la filière est notamment porté par le dynamisme qu’apportent de nombreux projets aussi bien à l’échelle mondiale qu’à l’échelle nationale.
A l’échelle mondiale, on peut citer les réalisations des architectes Wang Shu, de Martin Rauch ou d’Anna Heringer qui présente d’ailleurs les qualités du matériau terre dans une courte vidéo TED. Le travail des 40 finalistes du concours Terra Awards 2016 donne également un bon aperçu des possibilités qu’offrent le matériau terre crue.
En France, le Centre d'Interprétation du Patrimoine archéologique du Bas-Rhin, appelé La Villa, à Dehlingen est un bâtiment en pisé porteur, conçu par Nunc Architectes.

Sur ce projet, le pisé est stabilisé avec un mélange de chaux/ciment et constitue la véritable ossature du bâtiment. Pour ne pas altérer la structure porteuse, l’enveloppe a été doublée. Il y a tout d’abord un mur intérieur porteur, en pisé, qui reprend les efforts de la charpente (un gros travail a été fait pour s’assurer que les efforts de la charpente ne soient que verticaux, sinon le pisé n’aurait pas tenu). Ce mur porteur est isolé en extérieur avec des granulés de liège, puis un second mur en pisé vient protéger le complexe isolant/mur porteur. La mise en œuvre du pisé s’est faite de deux façons : in situ, avec la fabrication directe du mur intérieur porteur, et ex-situ, avec la fabrication du mur extérieur dans un hangar plus loin, pour optimiser le temps de séchage. Les morceaux du mur extérieur ont ensuite été assemblés à leur place. Livré il y a quatre ans avec un ATEX, ce projet constitue un véritable retour d’expérience pour la construction en pisé (porteur ou non).

Il met également en lumière les possibilités d’industrialisation du matériau terre. En effet, il est désormais possible de commander du pisé préfabriqué, du torchis préfabriqués, des plaques de terre crue, des briques ou même des adobes. Cela facilite la mise en œuvre du matériau et réduit les temps de chantier puisqu’aucun séchage n’est requis. Par exemple, la maison des plantes Ricola à Laufen en Suisse, est réalisée en ossature béton, remplissage en pisé préfabriqué.

Suivant la dynamique de la filière, de nouveaux projets voient le jour. Aussi, la journée du CAUE92 s’est conclue sur la visite du chantier du groupe scolaire Miriam Makéba à Nanterre, où le mur de clôture ainsi que les murs des circulations intérieures sont en pisé non porteur.

 

Photos du chantier du groupe scolaire Miriam Makéba à Nanterre, mur clôture et mur des circulations intérieures

D’autres projets sont en cours de développement, comme le projet Cycle Terre à Sevran, dont l’objectif est de créer une usine pour fabriquer, dans un premier temps, des briques de terre crue compressées à partir des terres excavées de la région parisienne, inscrivant le projet dans une dynamique d’économie circulaire. On peut aussi citer le projet « Manufacture sur-Seine » à Ivry-sur-Seine, qui développe un éco-quartier où du pisé non porteur sera mis en œuvre pour le remplissage de certaines façades et où l’emploi d’enduits de terre et de plaques de terre crue est également prévu.

En conclusion, le matériau terre est un matériau offrant de très larges possibilités structurelles, architecturales ou esthétiques et dont la mise en œuvre se structure peu à peu. Ce matériau géo-sourcé constitue une ressource locale non négligeable qui, à condition de veiller à sa bonne mise en œuvre (protection d’une exposition incessante à l’eau, temps de séchage et de curage suffisants, protection des angles saillants,…) et d’être aventurier, n’attend que vos projets pour se révéler. Poursuivant la dynamique de développement de la filière terre crue et du réseau des différents acteurs, un guide des bonnes pratiques devrait d’ailleurs prochainement être publié.

Alors, n’attendez-plus ! Mettez la main à la pâte et bâtissez en terre crue !

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