Jules Drique a pris la tête de l’agence Vizea à Nantes avec une double conviction : l’envie personnelle de s’ancrer dans un territoire qu’il aime, et la certitude que le Grand Ouest est un laboratoire majeur de la transition écologique.
Portée par le principe de “collopement” de Vizea – qui encourage l’initiative et la prise de responsabilités des collaborateurs – l’ouverture de cette agence s’inscrit dans une dynamique forte : accompagner de près les collectivités, aménageurs et acteurs privés face aux défis du réchauffement climatique, de la ressource en eau, de la biodiversité et de l’aménagement sobre.
Dans cette interview, il revient sur son rôle de directeur d’agence, les enjeux environnementaux et urbains du territoire nantais, la manière dont Vizea Grand-Ouest se distingue dans ses missions, et la vision qu’il porte pour les prochaines années… jusqu’à un souhait “magique” pour la Loire et son bassin versant.

1 - Qu’est-ce qui t’a motivé à créer et développer l’agence Vizea à Nantes ?
L’agence de Nantes de Vizea est née de mon envie personnelle de m’installer dans cette ville et de la confiance que m’ont accordé les associés historiques Jean-François et François-Xavier en application du concept interne de "Collopement" qui amène notre société à soutenir le développement personnel de ses salariés, en favorisant leur prise de responsabilités.
Au-delà de cette dynamique personnelle et de confiance, j’avais la conviction que Nantes et le Grand Ouest était un territoire où Vizea pouvait avoir un impact fort et que les collectivités et les acteurs portent de vraies ambitions de sobriété, de planification écologique et de résilience. Ouvrir une agence ici était l’occasion de renforcer la présence de Vizea dans le Grand Ouest et de construire une équipe pluridisciplinaire capable d’accompagner les acteurs locaux avec ambition, proximité et exigence technique.
2 - En quelques mots, quel est ton rôle aujourd'hui et quelle dynamique souhaites-tu impulser au sein du Grand Ouest ?
En tant que directeur de l’agence de Nantes, j’occupe un rôle à la fois stratégique et opérationnel. Il combine plusieurs responsabilités :
- La direction de projets, sur des opérations urbaines, territoriales et immobilières structurantes;
- Le management de l’équipe, pour accompagner chacun dans sa montée en compétences et dans l’évolution de nos métiers;
- La stratégie de développement, pour structurer nos expertises et anticiper les besoins du territoire;
- L’animation commerciale, aux côtés de nos clients et partenaires, pour construire des collaborations durables et portées par le sens.
Dans le Grand Ouest, je souhaite impulser une dynamique de présence renforcée auprès des acteurs publics et privés, avec l’ambition de devenir un interlocuteur incontournable sur les sujets de transition écologique, que ce soit à l’échelle du bâtiment, des opérations d’aménagement ou de la planification territoriale.
Mon objectif est aussi de continuer à structurer nos métiers – l'approche multi-échelle bas carbone, l'énergie, la, résilience climatique, l'écologie urbaine, pour maintenir un haut niveau d’expertise.
Je veux également consolider une dynamique collective forte : une agence où chacun progresse, se sent légitime, prend des responsabilités et trouve sa place dans un projet commun.
3- Quels sont selon toi, les enjeux environnementaux et urbains majeurs du territoire nantais et du Grand Ouest ?
Sur le territoire nantais et plus largement dans le Grand Ouest, les enjeux sont très clairs : réchauffement accéléré, pression sur la ressource en eau et artificialisation encore trop forte.
Les travaux du GIEC des Pays de la Loire montrent déjà une hausse de +1,5 °C, des vagues de chaleur plus fréquentes et une situation hydrique très dégradée, avec seulement 11 % des masses d’eau en bon état et un risque important d’étiages sévères dans les prochaines décennies
À cela s’ajoutent la fragilité de la biodiversité locale, le recul des zones humides, et une forte exposition du littoral aux submersions et à l’érosion.
Dans un territoire aussi dynamique que le nôtre, le défi consiste à concilier attractivité, sobriété et résilience, en repensant nos manières d’aménager, de construire et d’accompagner les acteurs publics et privés dans la transition.
Ces constats, Vizea les vit de manière très opérationnelle. Nous avons accompagné Nantes Métropole sur des démarches structurantes — l’évaluation à mi-parcours du Plan Local de l’Habitat (PLH), l’expertise pour faire évoluer le PLUi vers plus de densité maîtrisée et plus de nature en ville — mais aussi Rennes Métropole, notamment sur son PLH et sur l’application de son référentiel d’aménagement énergie & bas carbone.
Ces missions nous donnent une lecture fine des leviers concrets de la transition territoriale, et des arbitrages à mener pour transformer durablement les pratiques d’aménagement.
L’enjeu, aujourd’hui, c’est de permettre aux territoires de concilier attractivité, sobriété et résilience, et de faire en sorte que ces ambitions environnementales deviennent des actions concrètes à toutes les échelles.
4- Comment l'agence Vizea Grand Ouest se distingue-t-elle dans sa manière d'accompagner les acteurs locaux ?
Ce qui distingue l’agence Vizea Grand Ouest, c’est d’abord notre capacité à combiner vision stratégique et opérationnalité. Nous accompagnons aussi bien les collectivités dans leurs documents structurants — PCAET, SCOT, PLUi, PLH, référentiels d’aménagement — que les aménageurs et promoteurs dans le développement de leurs opérations.
Ensuite, nous sommes ancrés dans le territoire : les missions que nous avons menées autour de Nantes comme de Rennes nous donnent une connaissance fine des acteurs, des enjeux locaux, et des dynamiques propres au Grand Ouest.
Enfin, notre approche est résolument pluridisciplinaire et coopérative. On croise urbanisme durable, énergie, bas carbone, biodiversité, confort, eau, paysage… et on avance toujours en co-construction avec les acteurs locaux. Notre objectif est simple: transformer la transition écologique en solutions concrètes, adaptées au territoire et à ses projets.
5- Comment imagines-tu l'évolution de l'agence dans les prochaines années ?
J’imagine l’évolution de l’agence en plusieurs temps.
Les années 2026 et 2027 seront marquées par plusieurs échéances électorales, à l’échelle municipale comme nationale. Comme à chaque cycle politique, cela crée une période d’incertitude et de recalage des priorités, avec des pauses dans certains projets puis des ré-impulsions selon les nouvelles orientations. L’agence se prépare surtout à être adaptable, à l’écoute et capable d’accompagner les collectivités quel que soit le contexte.
Au-delà de ce moment de transition, l’agence a vocation à renforcer sa présence auprès des acteurs du territoire. Nous souhaitons monter en puissance sur les enjeux émergents : l’intégration de la santé dans l’aménagement, la vulnérabilité climatique, et la neutralité carbone. Ce sont des piliers qui vont structurer les politiques publiques dans les prochaines années.
Nous allons également continuer à développer notre maîtrise d’œuvre environnementale, du quartier au bâtiment, pour transformer les ambitions environnementales en solutions concrètes : hydrologie, biodiversité, bas carbone, confort d’été.
Enfin, je souhaite que l’agence poursuive son évolution en tant qu’acteur de référence du Grand Ouest sur l’accompagnement de la transition écologique. Nous avons déjà posé des bases solides avec Nantes et Rennes, et notre objectif est de continuer à structurer cette position, avec une équipe pluridisciplinaire, innovante et ancrée localement.
6- Si tu pouvais transformer un lieu du Grand-Ouest demain matin, comme par magie, lequel tu choisirais ?
Si je pouvais transformer un lieu du Grand Ouest demain matin, ce serait le fleuve de la Loire pour lui offrir une reconnaissance institutionnelle et symbolique forte : faire en sorte qu’il soit considéré comme “personne juridique” — c’est-à-dire doté de droits.
L’idée peut sembler un peu utopique, mais elle a le mérite d’ouvrir un autre regard sur ce que représente la Loire : un être vivant, porteur d’une histoire, d’écosystèmes fragiles, d’une biodiversité remarquable, d’un corridor naturel, d’un patrimoine naturel et culturel, plus qu’une simple “ressource”. Elle s’inspire des démarches déjà initiées pour d’autres fleuves dans le monde et de réflexions qui émergent en France. Il s’agit de donner à la Loire le droit d’exister, de vivre, de se régénérer, de voir respectées ses dynamiques naturelles et son bassin versant, de défendre ses intérêts dans la durée.
Si demain la Loire avait des droits - le droit au maintien de la biodiversité, le droit à la continuité écologique, le droit d’être défendue - on serait amenés à repenser nos usages du fleuve : la gestion des eaux, les activités qui l’impactent, les projets situés dans son bassin versant… car toute atteinte avérée à son intégrité pourrait être contestée ou sanctionnée, comme si la Loire pouvait être représentée et défendre ses intérêts
Alors oui, si j’avais un vœu “magique” demain matin : offrir à la Loire la parole, la protection, la reconnaissance. Et faire de son bassin versant un territoire vivant, respecté, et capable de traverser les décennies en préservant ses milieux, ses paysages, sa biodiversité — pour les habitants, pour les générations futures, et pour le vivant tout entier.
