Les Schémas Directeur Immobilier (SDI) et Schéma Pluriannuel de Stratégie Immobilière (SPSI), entre contrainte réglementaire, état des lieux du parc et opportunités écologiques et financières.
Les SDI/SPSI de quoi parle-on ?
Le Schéma Pluriannuel de Stratégie Immobilière (SPSI) et, plus largement, les schémas directeurs immobiliers (SDI / SDIE) sont nés de la volonté d’organiser la politique immobilière publique française autour d’un diagnostic partagé et d’une planification pluriannuelle. L’obligation d’élaborer un SPSI a été formalisée pour les opérateurs de l’État par une circulaire ministérielle diffusée en 2009 (pour donner suite à la réforme de la politique immobilière – Lien) et précisée/renouvelée par des instructions ultérieures (notamment une circulaire de 2016 - Lien). Ces textes demandent un diagnostic précis du parc, une stratégie quinquennale et une cohérence avec la politique immobilière de l’État.
Qu’est-ce que cela recouvre concrètement ?
• Le SPSI pour schéma pluriannuel de stratégie immobilière des opérateurs de l’Etat est un document stratégique, de portée quinquennale, qui formalise les orientations d’un opérateur (ministère, établissement public, université, etc.) pour optimiser l’usage, la maintenance, la rénovation, la valorisation ou la cession de ses actifs immobiliers. Il s’appuie sur un diagnostic exhaustif (état des lieux, coûts, contraintes fonctionnelles, performance énergétique, risques, etc.) et définit un plan d’actions priorisé.
• Le terme Schéma Directeur Immobilier (SDI) est plus générique ; on le retrouve dans les collectivités et les entreprises (SDI, SDIR pour « régional » côté État) et il désigne le même type d’outil : planifier l’évolution du parc à court/moyen/long terme pour atteindre des objectifs fonctionnels, financiers et environnementaux.
La Direction de l’Immobilier de l’État (DIE) pilote la politique immobilière de l’État au niveau interministériel : elle fournit méthodes, cadres (SDIR, SPSI), outils et référentiels, et elle accompagne/valide les démarches des opérateurs étatiques. Autrement dit, pour les acteurs publics, la DIE est l’autorité de gouvernance et de coordination qui encadre l’élaboration et la mise en œuvre des SPSI/SDIR.
A qui s’adresse un SDI/SPSI ?
L’élaboration d’un SPSI a été imposée par la doctrine ministérielle (circulaires de 2009 et 2016), ainsi cet exercice s’adresse au secteur public/opérateurs de l’Etat. Les SPSI sont attendus des opérateurs et établissent la cohérence entre stratégie d’activité et patrimoine immobilier.
Les collectivités territoriales et entreprises privées ne sont pas soumis à la réalisation de cet exercice, mais le SDI / SDIE (schéma directeur immobilier énergétique) est largement promu comme une bonne pratique — en particulier pour répondre aux enjeux énergétiques, à la maîtrise des coûts, à la transformation des modes de travail et à l’accès aux financements publics ou subventions (projets de rénovation, performance énergétique, etc.).
SDI, méthode et contenu
Le Schéma Directeur Immobilier constitue un document stratégique interne qui permet à une organisation – publique ou privée – d’organiser la gestion de son patrimoine immobilier à moyen et long terme.
Il s’appuie généralement sur un diagnostic complet du parc, puis sur la définition d’une trajectoire immobilière cohérente avec les ambitions économiques, opérationnelles et environnementales de la structure.
1. Etat des lieux exhaustifs
La première étape consiste à constituer un état des lieux exhaustif.
On y retrouve généralement un inventaire précis des bâtiments, incluant :
- Typologie
- Superficie
- Année de construction
- Usages
- Niveaux d’occupation...
Cet état des lieux ne se limite pas à la dimension physique : il inclut également les données financières (coûts d’exploitation, loyers, coûts de maintenance) et énergétiques (consommations, émissions associées, conformité avec les obligations réglementaires). À cette étape, il est fréquent d’évaluer la vulnérabilité du patrimoine : vétusté, risques de non-conformité, obsolescence technique, ou inadéquation entre les espaces et les besoins actuels.
2. Analyse des données et identification des enjeux
La seconde étape du processus consiste à analyser ces données afin d’identifier les enjeux principaux. Cette analyse croise généralement plusieurs dimensions : performance énergétique, coûts d’exploitation, confort d’usage, adéquation fonctionnelle, opportunités foncières, risques de dégradation ou de suroccupation.
Cette phase permet de dégager une lecture claire des points critiques du parc immobilier et des potentiels leviers d’optimisation, qu’il s’agisse de rationaliser des mètres carrés, de rénover des bâtiments énergivores ou de repenser l’affectation des espaces.
3. Construction de scénarios d’évolution
Le SDI met en perspective différentes trajectoires possibles, chacune articulant rénovation, restructuration, cession ou valorisation d’actifs. Ces scénarios sont comparés en termes de coûts globaux, de gains énergétiques, de bénéfices opérationnels ou encore d’impact sur la qualité de vie au travail. Le rôle du SDI n’est pas de figer une décision, mais d’éclairer les choix en montrant les avantages et limites de chaque orientation.
4. Feuille de route opérationnelle
La dernière phase du schéma directeur consiste à produire une feuille de route opérationnelle. Celle-ci fixe une hiérarchisation des actions à mener, avec un phasage pluriannuel, des estimations financières et un plan de mise en œuvre. Le document final précise également les indicateurs de suivi qui permettront à l’entreprise de mesurer l’avancement et les bénéfices des actions engagées, notamment en matière de durabilité, d’économies d’énergie, de réduction des coûts ou d’amélioration de l’usage des espaces.
Le SDI est donc un outil d’aide à la décision, qui structure la stratégie immobilière autour d’une vision globale, objectivée et cohérente avec les priorités de la gouvernance.
Le SPSI, un outil plus normé et centré sur la stratégie de l’État
Alors que le Schéma Directeur Immobilier (SDI) est un outil flexible, adapté à chaque organisation pour piloter son patrimoine à moyen et long terme, le Schéma Pluriannuel de Stratégie Immobilière (SPSI) répond à une logique plus encadrée et normée.
Le SPSI reprend de nombreux éléments du SDI (inventaire complet du parc, analyse des usages, évaluation de la performance et de la vulnérabilité des bâtiments) mais il se distingue par sa finalité normative et stratégique à l’échelle nationale. Là où le SDI peut être conçu pour répondre aux besoins propres de l’organisation et à ses priorités locales, le SPSI doit s’inscrire dans les objectifs globaux de la politique immobilière de l’État : rationalisation des surfaces, optimisation des coûts, performance énergétique, conformité réglementaire et adéquation avec les missions de service public.
La méthodologie du SPSI est donc similaire sur la forme (diagnostic, analyse des besoins, scénarios d’évolution, programmation pluriannuelle) mais avec une exigence de cohérence et de standardisation. Les informations doivent être compatibles avec les référentiels nationaux et utilisables pour la consolidation par la DIE, afin de permettre un pilotage comparatif entre opérateurs et une coordination globale des politiques immobilières.
Autre différence majeure : le SPSI s’accompagne systématiquement d’une programmation pluriannuelle chiffrée et priorisée, qui indique les actions prévues sur cinq ans ou plus, les arbitrages financiers, et les bénéfices attendus. Cette dimension pluriannuelle et normée est moins développée dans le SDI, qui peut rester davantage un outil d’orientation et de réflexion stratégique.
En résumé, le SPSI est à la fois un outil de planification interne et un document de reporting normalisé, conçu pour s’intégrer à la stratégie nationale et permettre à l’État de piloter de manière cohérente et harmonisée l’ensemble de son patrimoine.
Au-delà de la rationalisation du parc, SDI et SPSI deviennent aujourd’hui des outils essentiels pour atteindre les objectifs environnementaux fixés par la loi.
Les avantages environnementaux d’un SDI ou d’un SPSI pour une entreprise ou un établissement public
Ces outils constituent également un levier puissant pour réduire l’empreinte environnementale d’une organisation, qu’il s’agisse d’une entreprise privée ou d’un établissement public.
Lors de l’inventaire des bâtiments, on identifie leur consommation d’énergie, leurs émissions de gaz à effet de serre et leur conformité aux normes environnementales. Cette étape permet de mettre en lumière les bâtiments les plus énergivores, ceux nécessitant une rénovation thermique ou ceux qui pourraient être valorisés par des opérations de densification ou de mutualisation des espaces.
En France, la loi Climat et Résilience (2021) impose aux propriétaires publics et privés des obligations de réduction des consommations énergétiques, de rénovation des bâtiments classés F ou G, et de planification de travaux pour atteindre la neutralité carbone. L’élaboration d’un SDI ou SPSI permet donc d’intégrer ces obligations dès la planification stratégique.
La démarche stratégique qui suit (choix des scénarios de réhabilitation, de restructuration ou de cession) offre de nombreux bénéfices environnementaux. En rationalisant les surfaces occupées, en mutualisant les locaux et en optimisant l’usage des bâtiments, une organisation peut réduire sa consommation énergétique globale et limiter ses émissions de CO₂.
Un autre avantage réside dans la planification des rénovations et des travaux de mise en conformité environnementale. Le SDI ou SPSI permet d’intégrer dans un calendrier pluriannuel les interventions prioritaires pour atteindre des objectifs environnementaux mesurables, tels que l’installation de systèmes de chauffage moins carbonés, la rénovation de l’isolation, la modernisation des réseaux électriques, ou encore l’adaptation aux normes d’accessibilité et de qualité de l’air intérieur.
Un SDI ou SPSI ne se contente pas d’optimiser l’immobilier sur le plan fonctionnel ou financier. Il permet à l’organisation d’intégrer une véritable stratégie environnementale, en alignant la gestion du patrimoine avec les exigences légales, les objectifs de performance énergétique et de réduction des émissions, ainsi que les bonnes pratiques de développement durable.
SDI ou SPSI bioclimatique, notre accompagnement chez Vizea
Vizea place la transition écologique au cœur de l’élaboration d’un SDI ou d’un SPSI. Pour un opérateur public, un SPSI n’est pas seulement un outil de pilotage patrimonial : c’est une opportunité stratégique pour aligner les trajectoires immobilières avec les grandes exigences environnementales nationales.
À travers nos accompagnements, nous intégrons systématiquement l’ensemble des réglementations récentes pour construire une stratégie immobilière qui répond réellement aux ambitions environnementales fixées par l’État.
Le SPSI impose aux opérateurs de l’État de contribuer aux objectifs fixés par les politiques nationales, notamment :
• la Loi Climat et Résilience (2021), qui impose la baisse des consommations énergétiques du parc tertiaire, la rénovation progressive des bâtiments les plus énergivores et la trajectoire nationale de neutralité carbone
• le dispositif Éco Énergie Tertiaire (aussi appelé Décret Tertiaire), qui crée une obligation de réduction des consommations d’énergie finale à horizon 2030 / 2040 / 2050 ;
• la Stratégie nationale Bas-Carbone (SNBC), qui guide la réduction des émissions du secteur immobilier ;
• la réglementation sur l’artificialisation des sols (ZAN – Zéro Artificialisation Nette), qui impose de limiter l’emprise foncière des nouvelles opérations et encourage la réhabilitation plutôt que la construction ;
• les plans nationaux d’adaptation au changement climatique, qui renforcent la nécessité d’anticiper les risques climatiques sur les bâtiments et les sites.
Notre rôle est d’aider l’opérateur à comprendre comment ces réglementations s’appliquent à son parc, quel niveau d’effort est requis et quels scénarios immobiliers permettent de s’y conformer durablement.
Chez Vizea, nous intégrons la transition écologique dès les premières étapes du diagnostic.
Cela se traduit par :
• Une analyse fine de la performance énergétique et environnementale des bâtiments ;
• L’identification des « points noirs carbone » du parc (sites énergivores, passoires thermiques, bâtiments dispersés et coûteux à exploiter) ;
• Une évaluation de la vulnérabilité climatique des implantations (chaleur, sécheresse, tempêtes, risques naturels, surchauffe, etc) ;
• L’étude des consommations d’eau, des systèmes techniques et de leur durée de vie résiduelle.
Cette lecture environnementale permet ainsi de déterminer quelles implantations doivent être rénovées, consolidées, relocalisées ou cédées.
La finalité du SPSI est de fournir une feuille de route opérationnelle.
Dans cette phase, Vizea aide l’établissement public à :
• Prioriser les opérations à plus fort impact environnemental ;
• Planifier les investissements pour optimiser le rendement carbone–énergie ;
• Intégrer les aides, financements ou dispositifs incitatifs ;
• Etablir une trajectoire claire de conformité réglementaire sur plusieurs années ;
• Structurer une gouvernance interne capable de piloter la transition environnementale du parc.
Ainsi, la stratégie immobilière devient un levier de transformation environnementale : le SPSI fournit au dirigeant une vision claire, chiffrée et progressive de la transition énergétique et carbone de son patrimoine.










































